As-tu déjà eu tellement mal que tu ne voulais plus bouger?

C'est le cas de Brian (le nom a été changé), un conducteur d'équipement lourd de 43 ans travaillant dans une station de ski, qui souffre quotidiennement de douleurs au dos dues à une hernie discale. Se réveillant un samedi matin après une longue semaine de travail, il s'est mis à gémir de douleur en essayant de se lever lentement du lit, mais il s'est recouché immédiatement pour se reposer. Il savait qu'il devrait éventuellement se lever, mais il redoutait la douleur que lui causerait le mouvement de son dos. Autrefois passionné de planche à neige et de randonnée, il s'est retrouvé de moins en moins actif et passait des journées au lit lorsque la douleur était à son comble. Les moindres mouvements semblaient déclencher ses douleurs, qui s'aggravaient avec le temps, et il s'était résigné à un mode de vie sédentaire.

Comme Brian, des millions de personnes souffrant de douleurs musculosquelettiques chroniques tentent d'éviter de faire des mouvements qui les font souffrir. Pourtant, l'exercice physique réapprend au cerveau et au corps à gérer la douleur et constitue souvent le meilleur moyen d'atténuer la douleur, d'éviter la chirurgie et les médicaments, et d'améliorer la qualité de vie. En fait, tous les principaux organismes médicaux recommandent les soins préventifs et non effractifs pour les troubles musculosquelettiques, devant les médicaments et la chirurgie.

Les trois piliers des meilleures pratiques de soins préventifs pour les douleurs musculosquelettiques sont : la thérapie par le mouvement, la santé comportementale et l'information.

La réduction des dépenses liées au troubles musculosquelettiques étant une priorité absolue pour les professionnels de l'assurance, de nombreux employeurs cherchent des moyens innovants pour aider les membres de leur personnel à éviter la chirurgie et les médicaments liés à ces affections. En connaissant les trois piliers des meilleures pratiques, les employeurs peuvent trouver des solutions qui conduisent à de meilleurs résultats cliniques et limitent les coûts médicaux, tout en influant positivement sur l'absentéisme et la santé mentale de leur personnel.

Dans cette série d'articles de blogue, nous expliquerons comment chacun des piliers apporte des améliorations durables aux personnes souffrant de douleurs musculosquelettiques chroniques, à commencer par la thérapie par le mouvement.

La douleur chronique pousse à éviter l'activité physique

Selon le modèle d'évitement dû à la peur, les personnes souffrant de douleur chronique évitent l'activité physique, car elles pensent que celle-ci va aggraver leur douleur. Ce comportement entraîne une diminution du niveau d'activité physique qui aggrave en fait la douleur, parce que les muscles s'atrophient, que la mobilité devient plus limitée et que la sensibilité à la douleur augmente. Ce cercle vicieux de douleur chronique et d'inactivité peut être difficile à rompre.

La douleur chronique est également fortement reliée à la dépression. La dépression augmente la gravité et l'intensité de la douleur, et la douleur musculosquelettique chronique accroît le risque de dépression. C'est ce qu'on appelle la dyade dépression-douleur. La fatigue, le manque d'énergie et la perte d'intérêt pour les activités normales sont souvent des symptômes de la dépression, lesquels contribuent à l'évitement de l'activité physique.

La douleur chronique peut te rendre plus sensible à la douleur

Pour comprendre comment la thérapie par le mouvement aide à traiter la douleur chronique, il est important de commencer par examiner l'influence de la douleur chronique sur le système de la douleur. La douleur est toujours créée et traitée par le cerveau. Elle est fondamentalement le système d'alarme de l'organisme et une réaction de protection. Parfois, le système de la douleur se détraque un peu, comme un ordinateur lorsqu'il est infecté par un bogue. Des problèmes peuvent survenir lorsque la zone tampon de la douleur, entre le niveau où tu commences à ressentir de la douleur et le niveau où des dommages réels sont possibles, ne s'ajuste pas. Cela signifie que tu souffres même si tu es loin de risquer de subir des dommages.

Par conséquent, le système d'alerte à la douleur reste ultrasensible, comme une alarme de voiture qui se déclenche à cause du vent plutôt qu'un intrus. C'est ainsi que la douleur chronique modifie la façon dont le cerveau perçoit la douleur. Lorsque le corps ressent une certaine douleur régulièrement, comme c'est le cas pour Brian et son mal de dos chronique, moins de stimulus est nécessaire pour déclencher la douleur. Le corps produit plus facilement de la douleur; il peut en fait apprendre à ressentir la douleur.

L’exercice t'aide à gérer la douleur chronique

Lorsque tu souffres, tu as tendance à te ménager pour éviter d'aggraver la situation. Or il est peu probable que cela soit utile; c'est en fait tout le contraire. Le manque de mobilité crée souvent un enchaînement de conséquences qui peuvent amplifier la douleur. L'exercice physique est en fait le meilleur moyen de rééduquer un système de douleur surprotecteur. Les exercices d'étirement et de renforcement peuvent réajuster le système et la zone tampon de la douleur, en rappelant que le mouvement est normal et « sûr ». De plus, ils présentent un avantage supplémentaire, puisqu'ils font libérer à l'organisme des endorphines, lesquelles peuvent empêcher les signaux de douleur d'atteindre le cerveau.

Souvent, les premiers pas dans la thérapie par le mouvement sont les plus difficiles, en raison de la façon dont la douleur chronique influence ton état d'esprit, tes comportements et tes croyances. C'est là qu'interviennent les deux autres piliers des bonnes pratiques de soins. L'information est importante pour comprendre le fonctionnement de la douleur et prendre conscience du fait que la douleur n'est pas toujours synonyme de préjudice. La thérapie comportementale aide à dissuader les comportements, tels que l'inactivité, qui renforcent le handicap et la douleur.

L'exercice physique est bénéfique pour la santé, en plus d'aider à gérer la douleur musculosquelettique

L’exercice physique t'aide à retrouver de la force, de la souplesse et de l'énergie. Lorsque tu bouges, ton organisme fabrique des substances qui aident tes articulations, tes disques vertébraux et même tes poumons à rester lubrifiés pour des déplacements en douceur. Faire travailler tes muscles et tes articulations plus que d'habitude les force à se détendre et améliore leur mobilité et leur force.

L'exercice physique améliore ta santé globale, car les facteurs qui contribuent à la douleur influent également sur celle-ci. L'un des avantages les plus importants de l'exercice physique est qu'il améliore le bien-être mental en favorisant le sommeil, en augmentant la résistance au stress, en donnant confiance et en réduisant la peur du mouvement. Il est également prouvé que l’exercice physique atténue les symptômes de la dépression. Enfin, la stimulation de la circulation du sang et de l'oxygène liée à l'exercice favorise également la santé cardiovasculaire.

Conclusion

Au-delà des avantages les plus évidents pour la santé, la thérapie par le mouvement est essentielle aux pratiques exemplaires en matière de soins musculosquelettiques, car elle réapprend au cerveau à mieux gérer la douleur. Lorsque les employeurs évaluent les programmes visant à réduire le coût élevé des douleurs musculosquelettiques au sein de leur personnel, ils doivent tenir compte du fait que tout programme de soins musculosquelettiques doit comprendre une thérapie par le mouvement. Cependant, ce n'est pas suffisant. En proposant un programme fondé sur les trois piliers des pratiques exemplaires en matière de soins, les employeurs peuvent réduire considérablement le recours aux interventions chirurgicales et aux médicaments, tout en aidant leurs membres à faire en sorte que leurs douleurs n'aient plus d'incidence sur leur travail et leurs loisirs.

Tu te souviens de Brian? Son employeur, Vail Resorts, a mis en œuvre Hinge Health, un programme de soins MSK virtuels fondé sur les trois piliers des pratiques exemplaires en matière de soins : l'éducation, la santé comportementale et la thérapie par mouvement. Il a été surpris de découvrir qu'il n'était pas le seul à souffrir de douleurs musculosquelettiques chroniques, puisque près de 1 000 employés sont inscrits au programme. Après avoir terminé le programme de 12 semaines, les membres ont, en moyenne, observé ce qui suit :

• Une réduction de près de 60 % de la douleur

• La chirurgie évitée dans 1 cas sur 2

• Plus de 70 % de réduction de la dépression et de l'anxiété

Malgré son scepticisme initial, après avoir intégré la thérapie par le mouvement à ses habitudes, parmi les meilleures pratiques de soins enseignées, Brian a pu parcourir plus de 25 km (16 mi) sur un terrain escarpé avec un sac à dos, et ce, sans douleur, sans manquer aucune journée de travail ni passer de journées au lit. Il n'éprouve plus de douleur lorsqu'il se lève de son lit le matin et il peut repartir sur les pistes sans craindre de souffrir, ce qui prouve que le mouvement est un véritable remède aux douleurs chroniques.

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Auteurs collaborateurs :

Christine Binko

Références :

Understanding and Managing Long Term Pain, British Pain Society. Téléchargé le 2.5.18

Tame the Beast, Questions. Téléchargé le 2.5.18

Bair, M. J., Robinson, R. L., Katon, W. et Kroenke, K. Depression and Pain Comorbidity; A Literature Review. Arch Intern Med. 2003, 163(20), 2433-2445. doi :10.1001/archite.163.20.2433.

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